Amputés de leurs vies antérieures, les réfugiés se retrouvent – pour reprendre l’exemple d’Albert Camus – détournés de leur moi. Ils quittent les territoires de leurs ancêtres, dans l’espoir de trouver la sécurité dans des destinations nouvelles et inconnues. Au cours de ces voyages assidus, ils s’accrochent aux objets matériels qu’ils emportent avec eux depuis leur domicile.
Ces objets fondateurs acquièrent une importance pratique et conceptuelle plus grande que nature. Ils favorisent la survie et les moyens de subsistance. Ils défient la perte pour préserver l’identité du réfugié ainsi que son humanité. Vestiges d’une ancienne réalité, les objets créent des liens critiques entre passé et futur, dans un présent insaisissable.
Dans cette exposition se déroulant à la galerie IA&A at Hillyer jusqu’au 26 février, l’artiste Yasmine Dabbous utilise les arts de la fibre et la conception de bijoux pour célébrer ces objets conséquents. Ses matelas miniatures brodés à la main projettent des objets réels saisis par des réfugiés dans douze pays sur quatre continents.
Photo: vue de l’exposition, copyrights Annahar.