Une aide européenne aux organisations culturelles palestiniennes sous condition

« Si l’absence de soutien financier européen continue, de nombreuses organisations socioculturelles palestiniennes vont fermer », prévient Moustapha Sheta, directeur du Freedom Theatre, basé dans le camp de réfugiés de Jénine, en Cisjordanie, où un nouveau raid israélien a fait quatre morts palestiniens le 30 octobre (propos recueillis par l’OLJ).

Le 9 octobre, deux jours après l’attaque du Hamas contre Israël, le commissaire européen pour le Voisinage et l’Élargissement, le Hongrois Oliver Varhelyi, avait provoqué la stupeur en déclarant sur X (anciennement Twitter) que tous les paiements vers la Palestine étaient « immédiatement suspendus ». Plus tard dans la journée, face à la levée de boucliers de plusieurs États membres, dont l’Espagne, l’Irlande et le Portugal, la Commission européenne a finalement annoncé vouloir « revoir » son programme d’aide au développement en faveur des Palestiniens, soit près de 300 millions d’euros en 2022 et 1,7 milliard d’euros prévus entre 2021 et 2024. L’objectif ? « S’assurer qu’aucun financement européen ne permette à une quelconque organisation terroriste de mener des attaques contre Israël », a précisé la Commission.

Pour survivre face à l’assèchement à venir, Nidal Kaabi estime que les organisations culturelles palestiniennes doivent apprendre à « réduire leur dépendance à cette aide en développant des activités générant des revenus et en partageant nos ressources ». Car pour lui, pas question de « renoncer au droit à la résistance pour recevoir une aide financière ».

D’autres vont plus loin. Membre de la coalition Adaleh, qui défend les droits socioculturels des Palestiniens, Lyan Kaid dit vouloir « inverser les rôles face aux organisations qui ne condamnent pas la violence commise par Israël, mais nous demandent de condamner celle du Hamas ». Ainsi, le 28 octobre, plusieurs organisations palestiniennes ont annoncé le boycott de la Fondation Rosa Luxembourg afin de dénoncer la position jugée trop timorée du parti de la Gauche allemande, dont elle est proche, face au massacre en cours commis par Israël à Gaza.

Photo : Une rue détruite dans le camp de Jénine, en Cisjordanie, après un raid israélien le 30 octobre. Photo : Reuters.