Focus sur : la photographie contemporaine palestinienne

Le collectif aka TAWLA, fondé par Abdo Shanan et Rehab Eldalil, se consacre à la création de livres photo et à la promotion d’œuvres photographiques de la région SWANA (Asie du Sud-Ouest et Afrique du Nord). En novembre 2023, ils ont lancé « Tarweedeh », un fanzine inspiré des chants palestiniens traditionnels, lors de la foire Polycopies de Paris. Ce projet, soutenu par la Magnum Foundation et le Fonds arabe pour les arts et la culture, inclut des œuvres de photographes tels que Randa Shaath et Tanya Habjouqa, explorant les thèmes de la mémoire collective et des récits identitaires.

« Tarweedeh » est un ouvrage présentant les œuvres de :

Maen Hammad : photographe documentaire palestinien basé entre Ramallah et Washington, D.C. Il se concentre sur la scène du skateboard en Cisjordanie, qu’il documente depuis 2014. Son projet Landing explore le skateboard comme forme de résistance et d’évasion pour la jeunesse palestinienne face aux tensions de l’occupation israélienne. L’artiste collabore étroitement avec SkatePal, une organisation qui soutient le skateboarding en Palestine, en construisant des skateparks et en fournissant des équipements. À travers cette initiative, Hammad immortalise la vitalité de la jeunesse palestinienne et l’usage du skate comme forme de résistance créative.

Randa Shaath : photographe basée au Caire, d’origine palestinienne et égyptienne. Elle explore les transformations urbaines de la ville et les scènes de la vie quotidienne des Cairotes, souvent à travers une approche en noir et blanc. Sa série « Under the Same Sky » se concentre sur la vie sur les toits du Caire, capturant des moments intimes dans des espaces urbains souvent ignorés. Elle a exposé dans des lieux comme la Fondation Tapies en Espagne et le Witte de With aux Pays-Bas, et a représenté l’Égypte à la Biennale de São Paulo en 2006. En parallèle, elle enseigne la photographie à l’Université Américaine du Caire.

Samar abu Elouf : photojournaliste palestinienne primée, basée dans la bande de Gaza. Depuis 2010, elle couvre les conflits et les conditions de vie difficiles des habitants de Gaza pour des publications telles que The New York Times et Reuters. Elle se concentre sur les questions liées aux femmes, aux enfants et aux conséquences des guerres récurrentes, comme les manifestations de la « Grande Marche du Retour » en 2018-2019. Son engagement à témoigner de la réalité locale l’a amenée à travailler sans équipement de protection, se fabriquant parfois un casque de fortune à partir de casseroles​. En 2021, elle a couvert les affrontements de mai entre Israël et le Hamas, documentant les destructions massives et les pertes humaines, y compris celles de membres de sa propre famille.

Nidal Rohmi : photographe documentaire palestinien basé à Gaza, dont le travail se concentre sur les impacts des conflits et la marginalisation des habitants de la bande de Gaza. Depuis 2016, il a quitté sa carrière dans l’ingénierie pour se consacrer à la photographie, explorant des thèmes tels que l’amputation des membres suite aux guerres successives. Son projet « Gaza the City of Amputees », soutenu par le Arab Documentary Photography Program (ADPP), met en lumière les défis quotidiens et les ambitions des victimes de ces conflits.

Tanya Habjouqa : photographe jordanienne-palestinienne, connue pour ses séries qui explorent les tensions politiques et sociales au Moyen-Orient avec une approche visuelle et narrative nuancée. Son travail, souvent primé, mélange documentaire et art conceptuel pour capturer des scènes de vie dans les territoires palestiniens, en se concentrant sur l’humour et la résilience. Habjouqa fait partie du collectif NOOR Images et a exposé dans des institutions comme le Victoria and Albert Museum de Londres et le Museum of Fine Arts de Boston​.

Samar Hazboun : originaire de Bethléem, elle utilise la photographie pour aborder les questions de genre et de violence dans la société palestinienne. Elle a travaillé sur des séries telles que Beyond Checkpoints, explorant les impacts des contrôles militaires sur les femmes enceintes en Cisjordanie. Ses œuvres, soutenues par la Magnum Foundation et d’autres institutions, cherchent à donner une voix aux femmes marginalisées tout en sensibilisant à leur réalité quotidienne. (photographie associée à cet article)

Ameen Abo Kaseem : artiste visuel et photographe documentaire palestino-syrien basé à Damas. Diplômé de l’Institut des arts dramatiques en 2023, il utilise la photographie depuis 2016 pour documenter les effets des conflits sur son environnement et pour exprimer des expériences personnelles liées à sa vie dans le camp de réfugiés de Yarmouk. Son projet « How Was Everything, Before All This Ruin? », soutenu par la Fondation Magnum et la Fondation Prince Claus, explore la mémoire et les vestiges d’un passé perdu à travers des récits intimes et poétiques.

Lina Khalid : photographe émergente palestinienne dont le travail explore la condition féminine et les histoires intergénérationnelles au sein des communautés palestiniennes. Son approche visuelle se concentre sur l’expérience collective et la narration intime des femmes en Palestine, cherchant à donner une visibilité aux histoires souvent marginalisées dans les récits dominants​.

Nadia Bseiso : photographe jordanienne d’origine palestinienne, elle se spécialise dans les documentaires visuels liés aux problématiques environnementales et sociales. Son projet « Infertile Crescent », soutenu par l’Arab Documentary Photography Program, étudie les transformations écologiques et les conflits d’accès à l’eau dans la région du croissant fertile. Bseiso, qui a déjà exposé au Victoria and Albert Museum et à la Biennale d’Istanbul, utilise la photographie comme un moyen de sensibilisation et de plaidoyer sur les enjeux environnementaux au Moyen-Orient.