À travers l’analyse des romans de Atallah Mansour (1934-), Anton Shammas (1950-) et Sayed Kashua (1975-), l’universitaire franco-algérienne, chercheuse et enseignante spécialisée sur les relations judéo-arabes Sadia Agsous examine la création romanesque produite en hébreu par des Palestiniens depuis 1966 et les possibilités de voisinage entre Israéliens et Palestiniens.
L’ouvrage est divisé en cinq chapitres, avec une longue introduction et – pour finir – une conclusion originale et une annexe qui présente une sélection de textes traduits en français des principaux auteurs analysés.
« Le contexte actuel, la poursuite de la colonisation, la droitisation de la société israélienne font qu’il n’y a plus de place pour un roman palestinien en hébreu. Je ne sais pas s’il disparaîtra complètement. Mais une chose est sûre : la jeunesse palestinienne ne s’oriente pas vers l’écriture hébréophone. Dans les années 80, la production en hébreu était florissante. Je parle de la génération d’Anton Shammas, de ces Palestiniens qui ont acquis le bilinguisme par leur scolarisation et qui ont investi le champ culturel – le théâtre (Mohammed Bakri), la poésie (Naïm Araïdi, Sihem Daoud et Nidaa Khoury) et la traduction (Mohammed Hamza Ghanayim) – pour engager un dialogue arabe-hébreu. Rien de tout cela n’existe aujourd’hui. Le rapport des Palestiniens à l’hébreu s’est recentré sur l’essentiel, les problématiques du quotidien, tandis que la production artistique se fait en arabe. Alors que la langue arabe a perdu son statut de langue officielle (depuis la Loi fondamentale de 2018), les « Palestiniens de 48 » cherchent avant tout à défendre leur culture, minoritaire, au sein d’une hégémonie de plus en plus écrasante. » – Sadia Agsous pour le journal L’Orient-le-Jour.