BFI London Film Festival : notre sélection

Thank You for Banking with Us – Laila Abbas
Un drame social qui explore les dynamiques familiales et les lois de l’héritage dans un contexte patriarcal au Moyen-Orient. Le film raconte l’histoire de Mariam et Noura, deux sœurs qui se retrouvent confrontées à la mort de leur père. Celui-ci laisse derrière lui une somme importante d’argent à la banque. Selon la loi, leur frère a droit à une part double de l’héritage en raison de son statut masculin. Les deux sœurs, qui ont des relations tendues, décident alors de s’unir pour tenter de récupérer l’argent avant que leur frère ne soit informé du décès de leur père​. Le film aborde des thèmes comme l’injustice des lois patriarcales et la solidarité féminine, tout en mêlant humour noir et critique sociale. Tourné en Palestine, c’est une co-production internationale impliquant des entités telles que August Film et Chezville, avec le soutien du Doha Film Institute et de l’Arab Fund for Arts and Culture (AFAC). Il a été développé et primé dans des festivals tels que El Gouna Film Festival, où il a remporté des récompenses pour son scénario prometteur, qui rappelle, avec un angle différent, « Inshallah a boy » d’Amjad Al-Rasheed.

To a Land Unknown – Mahdi Fleifel
Un drame captivant qui suit l’histoire de deux cousins palestiniens, Chatila et Reda, coincés à Athènes après avoir fui un camp au Liban. Le film explore leur lutte pour survivre en marge de la société grecque, cherchant désespérément à rejoindre l’Allemagne. Leur objectif est de réunir assez d’argent pour acheter de faux passeports, mais la situation se complique lorsque Reda perd leurs économies à cause de sa dépendance à la drogue​. Face à cette perte, Chatila élabore un plan risqué : ils se font passer pour des passeurs et prennent des otages pour tenter de sortir de leur environnement désespéré. Ce film, influencé par le cinéma new-yorkais, notamment Midnight Cowboy, combine un style de thriller avec une approche réaliste des conditions de vie des migrants​.

La direction photographique de Thodoris Mihopoulos et la musique de Nadah El Shazly contribuent à l’atmosphère sombre et urgente du film. « To a Land Unknown » a été présenté à la Quinzaine des Réalisateurs à Cannes 2024.

Who Do I Belong To – Meryam Joobeur
Aïcha et son mari, Brahim, ont vécu des années d’incertitude après que leurs deux fils aînés, Mehdi et Amine, aient quitté la maison pour rejoindre un groupe armé en Syrie. Lorsque Mehdi revient seul, il prétend que son frère a été tué, et la présence de Reem, sa femme silencieuse, enveloppe la famille d’une tension grandissante. Tandis qu’Aïcha tente de réintégrer son fils et de protéger cette nouvelle épouse mystérieuse, des disparitions inexpliquées d’hommes du village commencent à semer le trouble. Les visions prophétiques d’Aïcha lui révèlent progressivement des vérités obscures sur le passé de Mehdi et l’identité de Reem​.

Ce long-métrage, qui s’inscrit dans la lignée de son court-métrage oscarisé « Brotherhood », se distingue par son mélange de réalisme social et de symbolisme poétique. Joobeur utilise des images oniriques et une photographie immersive pour explorer les fractures familiales causées par le radicalisme, tout en mettant en avant la perspective féminine. Le film a été présenté en compétition au Berlinale 2024 et a remporté plusieurs prix, dont celui du Meilleur Réalisateur au Hong Kong International Film Festival​.

« Who Do I Belong To » est une coproduction internationale impliquant des sociétés de France, du Canada et de la Tunisie, et bénéficie du soutien de fonds de divers pays, dont la Norvège et le Qatar​. Le film explore des thèmes universels d’appartenance, de loyauté et de quête identitaire dans un cadre tunisien ancré dans les réalités contemporaines.

Ghost Trail – Jonathan Millet
Le film est un thriller dramatique qui suit Hamid, un ancien professeur de littérature d’Alep. Exilé en Europe après avoir fui la guerre en Syrie, Hamid s’engage dans un groupe clandestin qui traque les anciens responsables du régime syrien. Interprété par Adam Bessa, Hamid est hanté par son passé, notamment par un tortionnaire qu’il décide de poursuivre jusqu’en France, espérant le confronter. Le film est inspiré de faits réels, offrant une immersion intense dans le parcours de réfugiés syriens en quête de justice et de vérité​. Le film a été présenté en avant-première mondiale à la Semaine de la Critique au Festival de Cannes 2024, où il a été salué pour sa combinaison des codes du film d’espionnage avec une confrontation psychologique. Les critiques ont particulièrement apprécié la performance d’Adam Bessa, qui incarne avec intensité un homme déterminé à affronter son passé tout en explorant les complexités de la vengeance et du traumatisme​. L’acteur avait notamment eu le prix de la meilleure performance au Festival de Cannes 2022 dans la sélection Un certain regard pour son rôle dans le film « Harka » de Lotfy Nathan.