Il s’agit d’une collaboration unique entre Medco, une entreprise libanaise de distribution de produits pétroliers, et Katya Traboulsi, une artiste plasticienne. Traboulsi, qui se définit comme une « plasticienne socio-politique », s’est lancée dans un projet de réinterprétation artistique des ornements traditionnels des camions libanais. Ceux-ci, hautement symboliques, reflètent les croyances et l’histoire des routiers libanais, véhiculant des messages de protection et de fierté culturelle.
La tradition de décorer les camions, selon Traboulsi, remonte à l’époque où les animaux de transport étaient ornés pour attirer l’attention. Aujourd’hui, cette coutume se perpétue sur les camions de Tripoli, richement décorés de symboles, tandis que ceux de la Békaa ou du Sud portent principalement des messages. Un élément récurrent est l’enjoliveur en forme d’œil, censé protéger contre la malveillance.
La collaboration avec Medco, dirigée par Michèle Chammas Garzouzi, s’est matérialisée après que cette dernière ait visité l’exposition de Traboulsi, « Rej3a ya mama », chez Saleh Barakat. Inspirée par l’œuvre de Traboulsi et son importance culturelle, Garzouzi a proposé de transposer cet art sur les citernes de Medco. L’artiste a ainsi eu l’occasion de diffuser cet art populaire sur un support inhabituel, les citernes, reflétant le rôle essentiel des camions dans la société libanaise, particulièrement après les récentes pénuries de carburant.
Cette initiative marque un passage de la « naqla naw3iyya » (transition remarquable) à une « naqla faniyya » (transition artistique) pour Medco. Elle symbolise non seulement un héritage culturel commun, mais aussi une célébration de l’identité et des croyances partagées des Libanais. La collaboration s’est concrétisée lors d’un événement à Dora, le 5 janvier, où les nouvelles citernes artistiquement ornées ont été dévoilées.