Expositions School of Casablanca, Think Art, Annexe de l’église du Sacré-Coeur, la Coupole, Parc de la Ligue Arabe, École des Beaux-Arts de Casablanca, jusqu’au 14 janvier 2024, puis du 15 février au 14 avril 2024, ifa-Gallery, Berlin.
Initié par la plateforme Think Art, en collaboration avec le KW Institute for Contemporary Art, le projet « School of Casablanca » réunit jusqu’à mi-janvier 2024 plusieurs expositions qui recontextualisent, à travers de nombreuses archives, l’émergence de la modernité au Maroc.
Sous l’impulsion de Salma Lahlou, fondatrice de la plateforme Think Art, et de Krist Gruijthuijsen, directeur du KW Institute for Contemporary Art de Berlin, plusieurs temps de résidence ont permis depuis 2020 à des artistes contemporains, des chercheurs indépendants et différents curateurs d’aborder l’héritage du groupe de Casablanca sous trois angles distincts : la démocratisation de l’art, l’esthétique moderniste et populaire, la pratique artistique dans le quotidien.
À l’image de ses aînés Chabâa et Melehi, ayant collaboré en leur temps avec les architectes de Mazières et Faraoui à des intégrations architecturales, le designer Manuel Raeder réalise, de concert avec le groupe Mafoder, un ensemble de sculptures en béton ergonomiques qui trouvent aisément leur place dans le Parc de la Ligue Arabe où la plupart des expositions se tiennent.
L’accent est, d’autre part, mis sur la dimension pédagogique innovante du groupe de Casa, dans la lignée du modèle alternatif défendu avant lui par le Bauhaus. À l’École des Beaux-Arts, une vidéo inédite des actualités marocaines du 12 octobre 1962 témoigne du vent de liberté qui soufflait alors sur l’institution.
Pour prolonger la réflexion, une vidéo inédite du duo Bik Van der Pol restitue un échange d’une trentaine de minutes avec Bert Flint, à laquelle s’ajoute une autre vidéo passionnante diffusée à l’École des Beaux-Arts, « School of Walking », invitant, en compagnie de Fatima Mazmouz, de Hassan Darsi et de Mohamed Fariji, à apprendre en déambulant dans les rues chaotiques casablancaises.
Portée par le chercheur indépendant Abdeslam Ziou Ziou, l’installation Berrechid 81 : Sur l’énergie d’un mouvement empêché revient sur l’expérience d’antipsychiatrie menée en son temps dans l’hôpital de Berrechid par le Docteur Abdellah Ziou Ziou, ayant convié plusieurs artistes, parmi lesquels Abdelkebir Rabi ou Malika Agueznay, à réaliser des fresques murales en compagnie des patients. En marge des enjeux propres à l’École de Casa, cette initiative inédite qui se conclut à l’époque par le départ forcé du psychiatre et l’effacement des fresques est interrogée ici par différents artistes (Soufiane Biyari, Fatine Arafati, Sophia Attigui, Said Rami et le grapheur Grocco-Trick 54).
Ce dernier réalise pour l’occasion une fresque, en recourant à des matériaux inhabituels pour lui (pigments, acrylique, pinceau, marqueur), conscient que l’expérience de Berrechid rejoint ses préoccupations d’artiste œuvrant dans la rue.
– article Diptyque –
Photo : Nassim Azarzar, All Things Flow, 2023 Papier peint, installation sonore, affiche. Dimensions variables. Installation sonore : Reda Zniber Voix : Sophia Hadi, Boutayna Mjahed, Reda Zniber.